EN BREF
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Le secteur des croisières affirme vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, mais les perspectives d’augmentation du nombre de passagers pourraient entraîner un triplement des émissions de CO₂. Actuellement, le nombre de passagers est estimé à 20 millions par an, et ce chiffre pourrait atteindre jusqu’à 145 millions d’ici 2050. Malgré une légère baisse des émissions par passager, les émissions globales de l’ensemble du secteur continuent d’augmenter. Cela soulève des questions sur la capacité des compagnies à honorer leurs promesses tout en se développant. En outre, des facteurs comme les trajets en avion et les autres émissions polluantes des navires rendent le bilan environnemental encore plus préoccupant. Alors que certains optent pour des solutions comme le gaz liquéfié, cela n’apporte qu’une réduction marginale des émissions. Les ports pourraient jouer un rôle crucial en imposant des standards d’émission plus stricts, forçant ainsi l’industrie à se transformer.
Le secteur des croisières connaît une croissance exponentielle, tandis que les compagnies maritimes promettent de réduire leurs émissions de carbone pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet article explore les contradictions entre la popularité croissante des croisières, les promesses d’une industrie en pleine expansion et les termes de ces engagements qui semblent, pour le moins, optimistes. Les émissions de carbone ne cessent d’augmenter, tandis que le nombre de passagers pourrait atteindre 145 millions d’ici 2050, ce qui rend les promesses de réduction quasi impossibles. Nous examinerons les conséquences environnementales de cette industrie, les solutions envisagées et la réalité des engagements des entreprises.
Une industrie en plein essor
Les croisières attirent chaque année des millions de passagers qui rêvent d’évasion vers des destinations paradisiaques. En moyenne, environ 150 000 personnes en Suisse partent chaque année en croisière, et ce chiffre est en constante augmentation. Avec des navires équipés de piscines, de restaurants et d’animations, ces voyages représentent une expérience de luxe accessible à un large public. Cependant, malgré leur attrait, ils suscitent de plus en plus de critiques en raison des impacts environnementaux négatifs qui leur sont associés.
Une promesse de neutralité en question
Le secteur maritime s’engage à réduire les émissions de CO₂ et à atteindre un bilan carbone neutre d’ici 2050. Certaines entreprises affichent même des objectifs ambitieux pour 2030. Mais derrière ces déclarations se cache une réalité complexe. Les experts, comme le climatologue Stefan Gössling, remettent sérieusement en question la viabilité de ces promesses. Selon lui, concilier cette croissance rapide du secteur avec des objectifs de zéro émission nette est inenvisageable.
Des chiffres alarmants
Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Alors que les émissions de CO₂ par passager pour une croisière d’une semaine ont légèrement diminué, passant d’environ 900 kg en 2015 à 800 kg aujourd’hui, le nombre total de passagers pourrait exploser. Selon les projections, le secteur pourrait passer de 20 millions de passagers par an aujourd’hui à 145 millions en 2050. Cela s’accompagnerait d’une augmentation des émissions directes de CO₂, passant de 23 millions de tonnes en 2019 à 71 millions de tonnes en 2050. Même si chaque passager émettait moins, la croissance du nombre de passagers annule toute réduction.
Une empreinte carbone massive
Quand on parle d’une croisière, il est crucial de prendre en compte non seulement les émissions liées à la navigation du navire, mais également de l’ensemble des trajets jusqu’au port de départ. L’empreinte carbone des voyages en avion pour rejoindre le navire est souvent bien plus significative que celle de la croisière elle-même. Ceci pose la question de la viabilité écologique de ces vacances, soulignant la nature généralement énergivore des croisières, indépendamment de leur efficacité en matière de consommation de carburant en mer.
Le rôle du transport des passagers
Il est essentiel d’évaluer les différentes options de transport que les passagers choisissent pour rejoindre leur navire. Par exemple, s’ils optent pour un vol long-courrier, les émissions de CO₂ peuvent dépasser de plusieurs fois celles produites par la croisière elle-même. En revanche, des alternatives comme le train ou le bus longue distance pourraient offrir une solution plus écologique pour réduire l’impact global des vacances en croisière.
Impact des trajets en voiture et en avion
Bien que l’utilisation de la voiture puisse sembler une option raisonnable, il est important de noter que les émissions de CO₂ par personne et par kilomètre peuvent se révéler comparables à celles d’un vol en avion, surtout sur des distances plus longues. En effet, quand le trajet en voiture ne dépasse pas 1000 kilomètres, son impact est faible, mais au-delà de cette distance, la consommation d’énergie par avion devient exponentiellement plus problématique.
Des navires de plus en plus grands
Dans un effort pour rendre la navigation plus efficace, l’industrie se dirige vers des navires de plus en plus grands. L’idée est que les plus grands paquebots, transportant plusieurs milliers de passagers, soient théoriquement plus efficaces en termes d’émissions par passager. Pourtant, des études indiquent que cette efficacité est souvent compensée par la taille massive et les nombreuses commodités offertes à bord, excédant finalement les économies réalisées en embarquant davantage de passagers sur un même voyage.
Les impacts sur les villes côtières
Le passage de ces grands navires a également un impact direct sur les villes côtières, où l’air peut se détériorer lors de l’arrivée de croisiéristes. Des polluants tels que la suie, les oxydes d’azote et les particules fines sont émis, posant de réels problèmes de qualité de l’air pour les habitants des ports d’escale. Ces polémiques attirent l’attention des autorités locales qui se voient confrontées à la nécessité de gérer ces effets collatéraux.
Vers un changement dans l’industrie
Malgré la résistance au changement, certains acteurs de l’industrie mettent en avant des solutions qui promettent de réduire leur impact environnemental. Cependant, l’adoption de technologies vertes est souvent une réponse aux pressions politiques et à l’opinion publique plutôt qu’une initiative interne. Le secteur est relativement lent à évoluer, et la voie vers la décarbonation semble encore lointaine.
Alternatives comme le gaz naturel liquéfié
Des compagnies ont commencé à faire des annonces sur l’utilisation de gaz naturel liquéfié à la place du fioul lourd. Bien que cette alternative présente des émissions de polluants réduites, elle ne constitue qu’un léger progrès. Les études montrent que les émissions de CO₂ diminuent de seulement 15% par rapport à l’utilisation de diesel marin, ce qui ne suffit pas pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Le moteur méthanol : une solution probable?
Le méthanol produit à partir de ressources renouvelables est souvent présenté comme une solution potentielle pour les compagnies maritimes désireuses de devenir plus durables. Cependant, le défi est de taille : produire suffisamment de méthanol de manière régénérative reste un problème non résolu. Le manque d’infrastructures et le coût élevé de cette production rendent cette solution difficilement réalisable à l’échelle nécessaire.
Influence des ports sur les promesses de décarbonation
Les ports jouent un rôle essentiel dans la transition écologique du secteur des croisières. Ils peuvent imposer des exigences d’émissions à l’entrée qui forceraient les compagnies maritimes à investir dans des technologies moins polluantes. Par exemple, la Norvège s’apprête à interdire l’accès aux bateaux polluants dans ses fjords protégés, une mesure qui pourrait inciter l’industrie à revoir ses méthodes.
Conséquences potentielles si rien ne change
Si l’industrie reste sur sa trajectoire actuelle, les conséquences sont prévisibles. Les danrées, l’air et l’eau risquent d’être contaminés par les émissions toxiques tandis que les paysages côtiers subiront la pression d’un tourisme de masse. Les destinations emblématiques comme Venise, déjà soumises à de fortes pressions, pourraient rencontrer des restrictions strictes sur leurs activités de croisière, modifiant radicalement la dynamique de l’industrie.
Que faire pour minimiser l’impact de ses croisières?
Pour ceux qui souhaitent tout de même se lancer dans une aventure en croisière, il est essentiel de prendre plusieurs facteurs en compte. Choisir des compagnies qui s’engagent véritablement à mettre à jour leurs standards environnementaux est primordial. De plus, éviter de prendre l’avion pour rejoindre le navire est également un moyen efficace de réduire son empreinte écologique. En se renseignant sur les pratiques de chaque opérateur, les voyageurs peuvent contribuer à influencer positivement le secteur.
Une industrie à la croisée des chemins
Les croisières, qui se veulent vecteur d’évasion et de plaisir, sont désormais confrontées à une réalité rude. Bien que des progrès soient réalisés, l’impasse est réelle, et le défi de la neutralité carbone reste à relever. En dépit des engagements affichés, l’essor des croisières semble difficilement compatible avec les besoins de protection de l’environnement. La question demeure : les compagnies maritimes prendront-elles véritablement au sérieux leurs promesses et travailleront-elles pour un avenir durable?
Pour en savoir plus sur les enjeux environnementaux liés aux croisières, consultez des études détaillées et des rapports d’expertise tels que ce lien, ou explorez le sujet des pollutions générées par les paquebots de croisière.
Net zéro CO₂ d’ici à 2050, telle est la promesse du secteur des croisières. Cependant, alors que ce secteur s’engage à atteindre cet objectif, les chiffres indiquent une tendance opposée. Les émissions pourraient tripler et le nombre de passagers passerait de 20 millions par an à 145 millions d’ici 2050. En examinant cette double réalité, le climatologue Stefan Gössling attire notre attention sur l’ampleur du défi.
Les croisières sont devenues de plus en plus populaires. En moyenne, 150 000 Suisses participent chaque année à ces voyages en mer, avec une croissance continue. Mais cette hausse s’accompagne de nombreuses critiques liées à l’impact environnemental de ce mode de transport. Les compagnies promettent des croisières climatiquement neutres d’ici 2050, mais ces engagements semblent difficilement conciliables avec l’expansion rapide de l’industrie.
Gössling souligne que la réduction des émissions par passager, bien que perceptible – de 900 kg de CO₂ en 2015 à 800 kg aujourd’hui – ne suffit pas à améliorer le bilan global. La problématique centrale réside dans les émissions totales du secteur, qui, selon les projections, continuera d’augmenter malgré les efforts visant à réduire l’empreinte par passager.
Le climatologue met également en lumière les considérations liées aux trajets des passagers et du personnel jusqu’aux ports d’embarquement. Ces voyages, en particulier s’ils se font en avion, entraînent des émissions de CO₂ considérables, souvent bien supérieures à celles générées par la croisière elle-même. Cela jette un doute supplémentaire sur l’impact réel des croisières sur le climat.
Les choix de transport alternatifs, tels que le train ou le bus, peuvent réduire les émissions, mais ils ne suffisent pas à compenser l’impact écologique global des croisières, qui restent très énergivores. De plus, les passagers doivent prendre en compte le type de navire et la provenance de l’énergie utilisée pour sa propulsion.
Concernant les grands navires, une idée reçue affirme qu’ils sont plus écologiques que leurs homologues plus petits. Cependant, les analyses montrent que les navires de taille moyenne semblent être les plus efficaces. Les grandes unités, en raison de leur taille et de leur offre, génèrent en réalité des gains d’efficacité moindres.
La qualité de l’air dans les ports s’améliore-t-elle grâce aux efforts du secteur pour réduire les émissions ? À l’heure actuelle, les initiatives semblent timides et sont souvent provoquées par des réglementations politiques ou la pression de l’opinion publique. Ainsi, il est essentiel d’observer l’évolution de la réglementation dans divers ports, qui pourrait contraindre les compagnies à adopter des pratiques plus durables, mais cela reste encore très variable.
En somme, si l’industrie des croisières continue d’afficher des objectifs ambitieux de neutralité carbone, la réalité sur le terrain présente un tableau bien plus nuancé, nécessitant réflexion et action concrète pour éviter un désastre écologique imminent.